Edition El Watan du 21 décembre 2005 > Actualite

EFFONDREMENT          D’UN         HOTEL        A     LA      BASSE-CASBAH

Huit morts et plusieurs blessés
Huit morts et 22 blessés, tel est le bilan de l’effondrement, tôt dans la matinée d’hier, de l’hôtel du Square à la Basse-Casbah, en plein centre d’Alger. On pouvait penser à un bilan plus lourd eu égard au nombre de personnes ensevelies. Les dépouilles de 2 personnes adultes de sexe masculin, d’une femme et d’un enfant âgé de 5 ans ont été retirées des décombres de l’hôtel, partiellement affaissé.

« Nous avions été alertés par une personne vers 4h25. Nous avions dépêché nos équipes de secours stationnées au port et au Palais du gouvernement. Celles-ci ont évacué à temps 21 personnes qui se trouvent actuellement saines et sauves, 8 autres ont été retirées des décombres. Après les premiers soins effectués sur place, 6 d’entre elles ont été transférées à l’hôpital Maillot et les 2 autres au CHU Mustapha Bacha », a annoncé M. Bakhti, responsable de la communication à la Protection civile d’Alger. Les opérations de recherche d’éventuels survivants sont toujours en cours, a-t-il ajouté. Les services de sécurité étaient en grand nombre avec tout l’attirail nécessaire. En début de matinée, une rumeur persistante s’est répandue sur les lieux du drame faisant état de la présence sous les gravats d’un couple : une Algérienne, son compagnon de nationalité égyptienne et leur enfant âgé de 5 ans. L’hôtel du Square, situé non loin du Théâtre national d’Alger, construction de 4 étages, héritée de l’époque coloniale (construit en 1860 ), a fait l’objet d’un contrôle des services d’expertises du CTC, selon Ouardi Abdenour, le gérant de l’hôtel, sauf pour les « locaux commerciaux du rez-de-chaussée », fermés depuis la fin des années 1980. Qui de l’APC de la Casbah ou du CTC est « responsable » de cet énième sinistre. Les responsables interrogés, dont le P/APC, sont restés tous évasifs sur le sujet. Ils avouent ignorer les « vrais tenants et aboutissants » de cette affaire. « On ne peut dire déjà à qui appartiennent ces locaux. Même l’OPGI ne peut nous éclairer sur leur propriétaire », élude le président de l’Assemblée communale, avant de désigner du doigt un local se trouvant tout près de l’hôtel, qui déborde sur le trottoir. C’est le résultat d’une extension anarchique, ajoute M. Zeteli, le P/APC. « Les locaux du Square ont subi ce type d’extension, depuis 1965, sans que le propriétaire (un anonyme) ne soit inquiété. » Le gérant, de son côté, se défend d’avoir une quelconque responsabilité dans ce qui s’est passé. « L’hôtel a été expertisé par le CTC », assure le gérant. Pour lui, le CTC a fait « sa descente » sans relever « la moindre irrégularités ». « Nous avons les autorisations d’exploitation dûment visées par l’APC et les services de la Direction du tourisme », s’en lave-t-il les mains. Il précise, par ailleurs, que des travaux de confortement ont été réalisés suite aux injonctions des services d’urbanisme de la commune. Plus loquace, Rabah, veilleur de nuit dans l’hôtel, témoigne : « J’ai entendu des claquements dans le débarras, sans soupçonner pour autant un quelconque danger. L’un des musiciens, qui venait d’entrer à 3h35 de la Madrague, a entendu lui aussi le même bruit. Quelques instants après, une dizaine de chambres qui donnent sur la place du square Port Saïd s’effondrent. J’ai eu quand même le réflexe d’enclencher, avant, le signal d’alarme », relate-t-il encore sous le choc. Il ajoute avoir pris « son courage à deux mains » pour aller prévenir les personnes logeant dans l’autre aile de l’hôtel, afin qu’elles quittent rapidement les lieux. Il relèvera que le « fondouk » qu’il a rejoint, il y a tout juste 50 jours, compte 31 chambres (selon la feuille du jour). « Trois chambres étaient encore en travaux et les seuls à pouvoir y accéder c’étaient les maçons. Toutes les chambres ont été cédées sauf une. Le couple descendait dans la 17 alors que les musiciens dans la 11. Je ne l’ai plus revu », remarque-t-il. « On ne doit pas incriminer à tout bout de champ l’APC et la wilaya. Les responsabilités sont à chercher ailleurs. Le CTC doit rendre des compte s’il s’avère qu’il a expertisé le haut de l’immeuble sans en faire de même des locaux », lâchera Bouhired Houria, députée à l’Assemblée et membre de l’association Les amis d’Alger-Sauvons La Casbah. Pour rappel, les services de la wilaya d’Alger ont avancé le chiffre effarant de 22 000 immeubles vétustes, soit pratiquement le quart du parc immobilier de la capitale.

Source El Watan
Iddir Nadir